diff --git a/content/Articles/faut-il-hair-les-bourges/index.md b/content/Articles/faut-il-hair-les-bourges/index.md new file mode 100644 index 0000000..db7edc3 --- /dev/null +++ b/content/Articles/faut-il-hair-les-bourges/index.md @@ -0,0 +1,47 @@ +--- +draft : true +categories : ["Blog","Français"] +title : "Faut-il haïr les bourges ?" +displayInMenu : false +dropCap : true +description : "..." +date : "2024-02-12T13:37:42Z" +displayInList : true +resources: +- name: featuredImage + src: "cover.jpg" +--- + +--- +Hello tout le monde ! J’espère que vous allez bien ! J’aimerais avoir une discussion collective sur une question qui prend beaucoup de prend beaucoup de place pour moi et autours de laquelle j’aimerais réfléchir : « Faut il arrêter de détester les riches ? » +Ça intéresse du monde ? +Comment peut on être conscient de les inégalités de classe sans avoir de ressenti ? Comment avancer au delà de la haine ? Comment militer en se préservant psychologiquement ? Bref pleins de question en une + +--- +super intéressant comme idée ! ces dernières semaines je passe mes journées à servir les riches (littéralement) et franchement parfois j’ai juste envie de pisser dans leur café mais je me rends compte que si je garde cette rage au quotidien juste je m’autodétruit + quand je bourges du babysitting chez les Bourges c’était pareil, d’un côté eux me méprisent clairement et moi aussi mais cette colère a nulle part de vraiment cproductif où aller + +--- +C'est difficile comme question prcq la haine est tres souvent et a été moteur de lutte. Mais d'un point de vue individuel si tu te retrouves a bosser pour eux par exemple je pense que c'est pas viable de garder cette rage quotidienne pour sois et sa santé mentale. Je pense que c'est encore pire dans ce cas si les opprimé.e.s garde cette haine à l'interieure en ayant l'impression d'etre impuissant.e et se sentent obligé.e.s de la subir alors que pendant ce temps là, les bourgeois sont ok avec eux meme + +--- +Et cette question de la colère concerne aussi effectivement le moteur de la lutte, peut on militer sans colère ? Ect ect + +--- +De mon côté je pense que la haine et la colère sont passagères, que mon état général c'est plus le mépris et la désolation. +Pour ce qui est de la militance, je vois différents niveaux. La militance « scientifique », i.e. la sociologie, l'économie, le journalisme..., y'a pas besoin, et voire même ça peut flouter le jugement, de la colère. Mais quand on veut faire de la propagande pour un public large, ça implique de vulgariser et simplifier, et la colère est une émotion facile à mobiliser. +Je dirais qu'on peut militer sans être en colère, mais pas sans mobiliser la colère. + +Après c'est facile à dire dans ma position de scientifique qui vois les riches principalement comme classe sociologique qui sert d'objet d'étude, mais qui y suis rarement confronté et encore moins en position de service. + +---- +J'ai tellement de choses à dire par rapport à ces questions en vrai + +Mais juste par rapport à la colère, je pense que c'est souvent la base d'une mobilisation +Après sur la durée c'est pas forcément indispensable (par exemple l'entraide intracommunautaire où l'amour,le Care est plus utile que la colère) + +--- + +c’est quelque chose que je ressentais pas mal aussi à la fac ( mépris plus que colère) parce que c’était facile de se foutre de la gueule des autres étudiants Bourges en école de commerce ou même dans la même fac que moi, avec leur soirées nulles et leur manque d’expérience de la vie de prolo (je me disais: on s’amuse quand même bien mieux entre pedales anar dans nos soirées techno dans les caves de squats tpg que eux avec leur bde bidons) pendant longtemps aussi j’ai vu ma politisation comme quelque chose qui m’a sauvé, amené vers des gens qui partageaient mes convictions etc - mais être confronté quotidiennement à comment les riches voient vraiment les pauvres qui travaillent pour eux comme des commodités, et comment ils sont totalement déconnectés du monde réel, être sans cesse rembarré à une position littéralement inférieure (eux partent en vacances à dubai et prennent dix pauses cafés par jour, moi je trime a me peter le dos pour leur faire leur mochas et je finis le mois à des distrib alimentaires) c’est super démoralisant et humiliant: la relation dominant / dominé est beaucoup plus nette et la colère laisse place à un sentiment d’impuissance assez déprimant et aliénant (et c’est exactement le but du travail salarié de service d’ailleurs, rappeler au prolos que leur place de sous-fifre) + +c’est aussi un sentiment d’impuissance particulier: quand je bosse autant je suis fatigué h24 et j’ai même plus l’énergie mentale ou physique de lutter vraiment, du coup j’ai l’impression d’être aliéné x2 (en tant que personne vue comme une machine à café sur pattes par des clients riches qui se foutent de moi, et comme personne politisée et militante dont le travail me vole des heures et de l’énergie que j’aimerais pouvoir verser dans des actions / façons de faire quelque chose avec ma colère) +tl;dr: c’était plus facile d’être dans une position de joie militante quand j’étais pas tout le temps confronté aux réalités de la dichotomie riche/pauvre, oppresseur/opprimé, aliénation par le travail etc je pense que la colère peut pas être une fin en soi, juste une autoroute vers l’autodestruction, mais qu’elle est nécessaire pour mobiliser et souvent un tremplin important vers la politisation- sauf que réussir à se sortir d’une rage permanente demande une certaine distance par rapport à soi même et sa situation qui est souvent compliquée à trouver \ No newline at end of file